Robert Mallet-Stevens, architecte du mouvement moderne, a souhaité que ses archives soient détruites après son décès, en 1945 à Paris. Ne sont arrivés jusqu’à nous que ses réalisations encore existantes, et les témoignages de ses proches ou collaborateurs. Tour d’horizon de cet architecte moderne, tout en discrétion.

1. Du cinéma à l’architecture, un parcours original entre art et modernité

Du cinéma à l’architecture, un parcours original entre art et modernité 

Formé à l’École spéciale d’architecture de Paris en 1903, Robert Mallet-Stevens prête une attention particulière à la façon de faire collaborer différentes formes d’art entre elles. 

Reconnu dès 1919 comme une figure montante du style moderne, il se fait remarquer en publiant en 1922 “une cité moderne”, qui présente un portfolio de 32 dessins présentant la ville idéale telle qu’il l’a conçoit. Son projet d’urbanisme intègre tous les bâtiments d’habitation, de loisirs, de travail, les réseaux de transport en commun, les édifices religieux, banques…. Son style est simple et dépouillé, et se fait remarquer auprès du milieu du cinéma. 

Robert Mallet Stevens conçoit par la suite les décors de 18 films (structures et mobilier) dans les années 1920. 

En parallèle, il reçoit une commande pour une villa dans le sud de la France, pour le compte du Vicomte Charles de Noailles. Cette réalisation sera sa première réalisation majeure, qui sera complètement terminée et aménagée en 1933. Il prône une intégration du mobilier à l’ensemble de la maison et propose ainsi les pièces complètement aménagées avec du mobilier intégré, en partenariat avec les plus grands noms du design de l’époque. 

En 1925, il réalise le très remarqué pavillon du tourisme français à l’exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes, avec son campanile de 36 mètres de hauteur, qui fera école dans le monde entier. 

Exclu du congrès international d’architecture moderne en raison de différents avec son directeur sur le rôle majeur de l’art décoratif en architecture, il crée avec d’autres l’union des artistes modernes, rassemblant les architectes d’avant-garde et les décorateurs. 

Il devient en 1935 directeur de l’école des beaux-arts de Lille, où il insuffle un programme ambitieux et moderne, avec l’aide des grands noms de l’union des artistes modernes.

Réfugié en France Libre au début de la guerre pour protéger sa femme de confession juive, il tombe gravement malade en 1941 et décédera en 1945 à Paris. 

Décrié par les architectes classiques de son époque, son œuvre ne sera appréciée à sa juste valeur que plusieurs décennies plus tard. Sans reconnaissance, ses œuvres majeures seront laissés à l’abandon comme la villa Cavrois, ou même démolies. Au cours des années 1970, ses réalisations restantes seront classées, mais le mobilier, élément indissociable de l’œuvre de Robert Mallet Stevens, sera dispersé aux enchères. 

A sa demande, la quasi-totalité de ses archives seront détruites après sa mort, si bien qu’il ne reste que très peu d’éléments de son travail.

2. Gros plan sur la Villa Cavrois, classée monument historique

La villa Cavrois, construite pour Paul Cavrois, industriel du nord de la France, est probablement la plus belle et célèbre réalisation de Robert Mallet Stevens. 

 « Air, lumière, travail, sports, hygiène, confort et économie », pour une famille de 7 enfants avec des employés, tel était la description et l’intégralité du projet présenté par Paul Cavrois à Robert Mallet Stevens, rencontré lors de l’exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925. 

Pour le reste, l’architecte aura carte blanche. Pour la première fois de sa carrière, Robert Mallet Stevens pourra gérer le projet de A à Z, tant du point de vue technique qu’esthétique. 

Inaugurée en 1932, la Villa Cavrois dispose de 2800m2 dont 1840m2 habitables, 830m2 de terrasse et 17600m2 de parc. Simplicité et fonctionnalité sont les maitres mots dans toutes les pièces de la villa, en utilisant des matériaux très modernes pour l’époque comme le béton armé, et des matériaux luxueux comme les marbres ou les bois, travaillés dans la simplicité. 

Nouveauté pour l’époque, la maison dispose d’un circuit d’eau chaude et d’eau adoucie en plus de l’eau froide, le téléphone, un haut-parleur de TSF et une horloge électrique dans chaque pièce. Le chauffage est central, le sèche-linge est électrique. 

Un éclairage indirect vient baigner la maison d’une lumière proche de la lumière naturelle. 

Au cours de la 2nde guerre mondiale, la villa est transformée par les allemands en une caserne pouvant accueillir 200 soldats. La famille Cavrois ne récupérera la maison qu’en 1947, et l’occupera jusqu’en 1985. S’en suit une période d’abandon, ou la maison sera vendue à un promoteur qui a pour projet de la raser et de construire un lotissement. Une association de défense se met en place et réussit à faire racheter la maison par l’état et à la faire classer monument historique, permettant sa conservation et rénovation. Mais entre-temps, la villa aura été squattée, pillée et saccagée. La villa ne rouvrira au public qu’en 2015. Une des pièces de la maison a d’ailleurs été conservée en l’état afin de montrer dans quel état de dégradation elle se trouvait avant sa restauration.

3. Hôtel Martel à Paris par Robert Mallet Stevens

En 1927, l’architecte Robert Mallet Stevens réalise l’hôtel Martel aussi appelé la maison hôtel pour les sculpteurs Jan et Joël Martel.

La maison atelier, hôtel Martel à Paris, a été classée monument historique en 1990. Pour cette œuvre il collabore avec d’autres architectes designers français tels que Jean Prouvé pour la confection des grilles et des portails. 

Bien que ses archives aient été détruites, son parcours et son histoire restent riches d’œuvres. Robert Mallet Stevens est aujourd’hui pleinement reconnu pour son travail et son œuvre en tant qu’architecte du mouvement moderne. Son parcours fait que peu d’œuvres nous sont parvenues, mais celles-ci sont été conservées et restaurées, parfois après de longues périodes d’abandon. Le mobilier par contre, partie intégrante de son travail, aura été disséminé au cours des différentes ventes aux enchères lors des ventes des villas. 

Si votre chemin vous amène dans la région de Lille, une visite de la Villa Cavrois ne vous laissera pas indifférent !

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